Le Val d'Aoste... Ses sommets, sa gastronomie... et ses châteaux. Difficile de passer à côté des imposantes forteresses qui surplombent les routes, quand on traverse la basse vallée. Au sommet d'une colline, souvent fondues dans la végétation, elles sont les gardiens d'un autre temps, les vestiges du passé riche et tumultueux de cette région. Nombre d'entre elles se visitent et c'est l'occasion parfaite pour mieux comprendre l'histoire du Val et sa situation si singulière.
Le fort de Bard, certainement le plus imposant (on y accède par une série de téléphériques). Il abrite un musée sur les Alpes. Je n'ai pas eu le temps de le visiter malheureusement, l'entrée étant un peu chère (8 €) pour une passer une petite heure...
Issogne est un tout petit village dans la basse vallée d'Aoste et dont l'attraction principale reste le château : il n'y a d'ailleurs pas grand-chose d'autre à voir. Mais il serait dommage de passer à côté de cette curiosité, une demeure seigneuriale en plein cœur de la ville, qui cache bien ses trésors. L'aspect extérieur ne laisse d'ailleurs en rien supposer de ses origines médiévales.
La visite commence par la cour, l'un des joyaux de la demeure. Au centre trône la fontaine au grenadier, une délicate sculpture en fer forgé grandeur nature. Sur les murs, les vestiges de la fresque qui habillait richement les façades, célébrant la grandeur de la maison des comtes de Challant, les plus célèbres propriétaires du château, et qui furent une famille très influente aux XIVe et XVe siècles. C'est à ceux que l'on doit la forme actuelle du château. Plus loin, sous le portique, de belles peintures magnifiquement conservées, illustrant des scènes de la vie quotidienne.
Vue sur la cuisine.
Détail du plafond de la chapelle.
Le jardin italien.
La visite se poursuit ensuite en intérieur, sur trois niveaux. On traverse ainsi la salle à manger, les cuisines, la chapelle, diverses chambres... Les plafonds sont richement décorés, de belles fresques continuent d'orner les murs, on peut même y apercevoir des graffitis d'époque, des marques laissées par les hôtes de la famille des Challant au fil des siècles. Par contre, niveau mobilier, presque rien d'origine est exposé. Des problèmes de succession agitèrent la maison pendant de nombreuses décennies, entraînant son déclin inexorable. Et au fil du temps, les biens furent dispersés, revendus... C'est au peintre Vittorio Avondo que l'on doit l'ameublement actuel du château : il en fit en effet l'acquisition à la fin du XIXe siècle et entreprit de le restaurer et de le remeubler, en parvenant même à retrouver la trace de certaines pièces originales, comme par exemple le superbe retable.
La famille de Challant était très riche, en témoigne cette inscription : "La garde robe de la tapisserie". Ils en possédaiten tellement qu'ils avaient dédié une pièce spécialement pour leur entreposage... et ne manquèrent pas de l'écrire noir sur blanc.
Détail de la salle de justice, l'une des plus belles du château.
Tout comme pour le Château Savoie, le château n'est accessible que sur visite guidée. Celle-ci se fait également en italien mais les guides parlent d'être bien français et sauront répondre à toutes vos questions. Par ailleurs, chaque pièce est agrémentée de panneaux explicatifs (en italien, français et anglais) qui apportent des explications supplémentaires à celles contenues dans le petit dépliant remis à l'accueil. Comptez 5 € pour la visite d'une petite heure.
Piazza Castello
11020 Issogne
On se déplace de quelques kilomètres pour rejoindre Fenis et son château qui surplombe le village. C'est une bâtisse complètement différente qui se visite ici, à l'aspect beaucoup plus défensif et à la position très étonnante : en effet, elle est complètement dépourvue de défenses naturelles, étant édifiée sur un simple coteau. Son origine est bien plus récente vu que les premières mentions d'occupation ne remontent qu'au XIIe siècle. L'architecture est également plus raccord avec l'image que l'on se fait des forteresses médiévales : donjon, tours, créneaux, enceintes... Et pour cause, tout n'est pas d'origine ! Si les travaux qui figèrent son aspect définitif remontent au XIIIe siècle, de nombreuses transformations eurent lieu sous le régime fasciste de Mussolini dans les années 1930. Afin d'en accentuer ses traits médiévaux, une seconde enceinte fut construite, entraînant le déplacement de l'entrée principale et ainsi brouillant la lisibilité originelle de l'édifice.
Le superbe escalier semi-circulaire de la cour.
Malheureusement, suite au déclin de la famille des Challant, le château fut abandonné pendant de nombreux siècles, devenant même un corps de ferme au XIXe siècle. Par conséquent, il n'est pas évident de retrouver la fonction de chaque pièce, seules quelques-unes ont pu voir leur fonction confirmée par des caractéristiques indéniables : la cuisine et sa gigantesque cheminée, la chapelle et ses fresques de saints... Ici aussi le mobilier n'est pas du tout d'origine... pire, la majorité ayant été acquise durant les années 1930, sans rigueur scientifique, beaucoup de pièces ne proviennent pas de la région... Pire, certaines sont même contrefaites. Un bel exemple de gâchis historique.
Les fresques de la chapelle.
Aux premier et deuxième étages, une belle galerie en bois court le long de trois des quatre côtés de la cour centrale. Aux murs, de belles fresques représentant de nombreux sages, un témoignage encore intact de la puissance des Challant à l'époque de leur réalisation.
Au fond à gauche de la cheminée, le décor est d'origine... et a pu servir pour reconstituer la décoration de la frise sur les autres murs.
Pour visiter le château de Fenis, il vous faudra débourser trois petits euros et prendre part à une visite guidée, toujours en italien (mais les guides... vous avez compris le principe !). Ici aussi, des panneaux explications dans chaque pièce viendront compléter le petit fascicule fourni à l'entrée. Sachez par ailleurs qu'il vous est possible d'acquérir une carte d'abonnement qui vous permettra de visiter les trois châteaux dont je vous ai parlé, ainsi que trois autres (Sarriod la Tour, Sarre et Verrès) pour moins de 20 €. Elle est valable un an et vous avez la possibilité de visiter chaque château une fois. Cela peut-être intéressant suivant lesquels et combien vous souhaiter visiter.
11020 Fenis
* * *
Pour terminer, attardons-nous un peu à Fenis. C'est en effet ici que j'ai logé durant ces trois jours et je ne pouvais pas passer sous silence l'endroit extraordinaire où j'ai posé mes valises. C'est encore une fois via AirBnB que j'ai effectué ma réservation, pour un rapport qualité/prix imbattable : à 30 € la nuit, qui dit mieux ?
Le logement d'Amanda est composé d'une grande pièce à vivre et de deux chambres, chacune possédant sa salle de bains. Il est possible de partager le B&B avec d'autres voyageurs, ce qui m'est par exemple arrivé la première nuit. Mais nos emplois du temps respectifs ont fait que je n'ai pas du tout croisé mon colocataire ! La vue sur le château est imprenable et le petit déjeuner gargantuesque, que l'on prépare soi-même à l'heure que l'on souhaite (il est même possible d'avoir du pain frais). Cerise sur le gâteau, Amanda est une hôtesse charmante qui parle admirablement bien français. Finalement, le seul petit point noir c'est la connexion WiFi un peu capricieuse... Mais c'est vraiment pour trouver quelque chose à redire. Par ailleurs, de sa position très centrale dans la vallée, Fenis est un excellent point de départ pour rayonner aux quatre coins du Val.
Je l'ai traversé pour aller en Emilie-Romagne depuis la Savoie mais je n'ai absolument pas pris le temps de m'y arrêter.
RépondreSupprimerTrès joli ces châteaux !
RépondreSupprimer